Extraits de la Guerre des Gaules, II, 34 ; III, 7.


Dans le même temps, P. Crassus, envoyé avec une légion chez les Vénètes, les Unelles, les Osismes, les Coriosolites, les Ésuviens, les Aulerques, les Redons, peuples maritimes, établis sur les bords de l'Océan, fit savoir à César qu'il les avait tous réduits sous la puissance et l'empire du peuple romain.

À la suite de ces évènements, César avait toutes les raisons de croire la Gaule pacifiée [...] et voilà que la guerre éclate en Gaule. Voici pourquoi.
Le jeune P. Crassus, avec la septième légion, avait pris ses quartiers d'hiver chez les Andes, à proximité de la mer Océane. Comme le blé manquait dans ce pays, il chargea plusieurs préfets et tribuns militaires de s'en procurer chez les peuples voisins. Du nombre était T. Terrasidius envoyé chez les Unelles, M. Trebius Gallus chez le Coriosolites, Q. Velanius avec T. Silius chez les Vénètes.

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Extraits de la Guerre des Gaules, III, 11, 17, 18, 19.


C'est pourquoi César [...] expédia le légat Q. Titurius Sabinus avec trois légions chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexoviens pour les tenir à l'écart de la guerre.

Tandis que ces évènements se déroulaient chez les Vénètes, Q. Titurius Sabinus arrivait, avec les troupes qu'il avait reçues de César, chez les Unelles. Ceux-ci avaient pour chef Viridorix qui commandait également à toutes les autres cités rebelles et disposait d'une armée considérable.
Peu de jours auparavant, les Aulerques Éburovices avaient égorgé tous leurs sénateurs qui ne voulaient pas entrer en guerre contre les Romains, fermé les portes de leurs cités et s'étaient joints à Viridorix. Une grande multitude de voleurs et de scélérats que l'appât du pillage et la soif de combattre détournaient de leurs travaux rustiques accourut de toutes les régions de la Gaule. Sabinus s'enferma dans un camp solidement retranché (sur une colline à sept kilomètres à l'est d'Avranches, soit dans les environs du Petit-Celland, Biblio. de la Pléiade), tandis que Viridorix prenait position en face de lui, à deux milles de distance. Chaque jour il faisait avancer ses troupes et nous offrait le combat qui n'était pas accepté. Il en résulta que non seulement Sabinus fut méprisé des ennemis, mais que ses propres soldats ne l'épargnaient pas dans leurs propos. On finit par le considérer comme un lâche, à tel point que les ennemis eurent l'audace de s'avancer jusqu'aux retranchements de notre camp. Ce qui le portait à agir ainsi c'était la conviction qu'un légat, à moins de profiter des avantages du terrain ou d'une occasion favorable, ne devait pas, en l'absence de son chef, livrer bataille à un ennemi aussi supérieur en nombre.

Lorsque sa réputation de chef pusillanime se trouva définitivement établie, Sabinus choisit parmi les Gaulois qu'il employait en qualité d'auxiliaires, un homme intelligent et décidé. A force de récompense et de promesses il le persuada de passer à l'ennemi et lui communiqua son intention.
Arrivé chez les ennemis, le Gaulois se présente comme un transfuge et leur fait part de la panique qui règne dans le camp romain : César, pressé par les Vénètes, court les plus grands dangers ; pas plus tard que la nuit prochaine Sabinus quittera furtivement le camp pour lui porter secours.
À cette nouvelle, tous s'écrient qu'on ne doit pas laisser échapper une occasion si favorable et qu'il faut marcher résolument à l'attaque du camp romain. Bien des raisons incitaient les Gaulois à prendre cette décision : l'hésitation de Sabinus au cours des journées précédentes, les assurances du transfuge, le manque de vivres qu'ils avaient négligé de réunir en quantité suffisante, les espérances éveillées par la guerre des Vénètes, et, aussi, le penchant naturel aux hommes de prendre leurs désirs pour des réalités.
Toutes ces raisons les poussent à ne pas laisser Viridorix et les autres chefs quitter la réunion avant qu'ils n'aient donné l'ordre de prendre les armes et de marcher à l'assaut du camp romain. Ayant obtenu satisfaction, ils manifestent leur joie comme si, déjà, ils tenaient la victoire. Ils amassent des branches et des fagots de sarments destinés à combler les fossés, et se dirigent vers nos retranchements.

Le camp était situé sur une hauteur. Le terrain allait en pente douce sur environ mille pas. Les Gaulois s'y précipitent au pas de course afin de laisser aux Romains le moins de temps possible pour se reconnaître et s'armer. Ils arrivent hors d'haleine. Sabinus exhorte ses troupes et donne le signal, tant souhaité, du combat. Tandis que les ennemis plient sous le poids de leurs fardeaux, il ordonne une brusque sortie par les deux portes.
Les avantages de sa position, l'incapacité et l'épuisement de l'ennemi, la valeur de nos troupes, l'expérience acquise par elles dans les précédents combats, tout cela fit que les Gaulois ne purent même pas soutenir le premier choc et prirent aussitôt la fuite. Embarrassés dans leurs mouvements ils furent aisément rattrapés par nos soldats qui en tuèrent un grand nombre. La cavalerie fit le reste : rares furent ceux qui réussirent à se sauver. [...]

Extrait de Dion Cassius, Histoire Romaine, Livre XXXIX, 45.


Expédition de Q. Titurius Sabinus contre les Unelles

Pendant qu'il était encore dans la Vénétie, il envoya son lieutenant Q. Titurius Sabinus dans le pays des Unelles, qui avaient pour chef Viridovix. D'abord Sabinus fut tellement effrayé de leur nombre, qu'il s'estima heureux de sauver son camps ; mais ensuite il reconnut que ses craintes rendaient les Unelles plus audacieux, et qu'en réalité ils n'étaient pas redoutables ; car la plupart des barbares n'ont, pour inspirer de la terreur, que d'arrogantes et vaines menaces. Il reprit courage : cependant il n'osa pas encore en venir ouvertement aux mains avec eux (il était toujours intimidé par leur nombre) ; mais il les amena à attaquer imprudemment son camps, placé sur une hauteur. À cet effet il envoya, vers le soir, aux Unelles comme transfuge un de ses alliés qui parlait leur langue et qui devait les persuader que César avait été battu. Les Unelles, hors d'état de réfléchir, parce qu'ils avaient bu et mangé avec excès, le crurent sans peine : ils marchèrent en toute hâte contre les Romains, comme s'ils avaient craint d'être prévenus par leur fuite (il ne fallait pas, disaient-ils, laisser échapper même le prêtre qui porte la torche). Emportant ou traînant des sarments et des fagots pour brûler les Romains, ils gagnèrent la hauteur où était le camps de Sabinus et la gravirent rapidement, sans éprouver aucune résistance. Sabinus ne bougea pas, avant que les barbares fussent tous sous sa main ; mais alors il fondit inopinément sur eux de tous les points, frappa d'épouvante les premiers qu'il rencontra et les précipita du haut de la montagne. Dans leur déroute, ils s'embarrassaient les uns les autres et dans les débris d'arbres dont ils étaient chargés. Sabinus les battit si rudement, que ni eux ni d'autres n'osèrent plus se mesurer avec les Romains ; car les Gaulois sont tous également entraînés par une fougue que rien ne règle, et n'ont de mesure ni dans la crainte ni dans l'audace : ils passent subitement de l'excessive confiance à la crainte et de la crainte à une aveugle confiance.

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Extraits de la Guerre des Gaules, IV, 20.


L'été touchait à sa fin. Bien que dans ces contrées l'hiver arrive tôt, car la Gaule est tournée tout entière vers le nord, César voulait passer en Bretagne parce qu'il savait que dans presque toutes nos guerres contre les Gaulois l'ennemi recevait des secours de ce pays là. Même si la saison était trop avancée pour engager les hostilités, il serait très utile, à son avis, de prendre connaissance de l'île, d'en observer les habitants, de noter les lieux, les ports, les points de débarquement, toutes choses à peu près ignorées des Gaulois. Car, excepté les marchands, personne parmi eux ne s'aventurait dans ces parages et les marchands eux-mêmes n'en connaissaient le littoral que du côté où il faisait face à la Gaule. César les avait bien fait venir de partout, il ne put rien tirer d'eux : ni quelle est l'étendue de l'île, ni quels sont les peuples qui l'habitent et combien sont-ils, ni comment ils font la guerre, comment ils sont gouvernés, ni s'il y avait des ports susceptibles de recevoir de gros navires et en grande quantité.


Extraits de la Guerre des Gaules, V, 53.


[...] En effet, dès qu'on y apprit le désastre qui avait coûté la vie à Sabinus, toutes les cités gauloises se montrèrent décidées à prendre les armes. On voyait aller et venir des courriers, des envoyés particuliers, on se renseignait, les uns chez les autres, sur ce qu'on allait faire, on discutait sur le lieu d'où devait partir l'insurrection, on se réunissait la nuit dans des endroits déserts.
Durant tout l'hiver César n'eut, pour ainsi dire, un seul instant de répit. Il recevait constamment des avis sur les conciliabules des Gaulois et sur la rébellion qu'ils préparaient. L. Roscius, mis par lui à la tête de la treizième légion, l'informait notamment : Les cités dites armoricaines avaient levés des troupes nombreuses pour m'attaquer. Elles étaient parvenues à huit milles de mon camp, mais à la nouvelle de la victoire de César elles se sont retirées avec tant de précipitation que leur retraite a eu l'air d'une fuite.

Extraits de la Guerre des Gaules, VII, 4, 75.


Proclamé roi par les siens, Vercingétorix envoie partout des ambassades. Il conjure tous les peuples de demeurer fidèles au serment prêté. Bientôt il a l'adhésion des Sénons, des Parisiens, des Pictons, des Cadurques, des Turons, des Aulerques, des Lémovices, des Andes, de tous les peuples qui touchent à l'Océan.

Tandis que ceci se passait autour d'Alésia, les chefs des cités gauloises, s'étant réunis en assemblée, décidaient qu'on ne ferait pas marcher les hommes en état de porter les armes, comme le voulait Vercingétorix, mais que chaque nation fournirait un nombre déterminé de combattant. Ils craignaient que l'on ne maintienne difficilement l'ordre au sein d'une pareille multitude, que l'on n'arrive pas à se reconnaître dans cette confusion de peuples et que l'on n'ait pas assez de vivres pour assurer leur subsistance. Le contingent fut fixé ainsi que suit : [...] vingt mille pour la totalité des peuples qui habitent au bord de l'Océan et qu'on a coutume chez eux d'appeler Armoricains : les Coriosolites, les Redons, les Ambibariens, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles.


Extraits de la Guerre des Gaules, VIII, 31.


C. Fabius marcha avec ce qui lui restait de troupes contre les Carnutes et autres peuples qui, ayant pris part aux côtés de Dumnac au combat qui lui avait été livré, avaient eu à subir, à sa connaissance, de lourdes pertes. Il ne doutait point que leur récente défaite les eût rendus plus dociles. Mais il estimait que s'il leur laissait le temps de se remettre de leurs terreurs, le même Dumnac pourrait encore les inciter à se soulever. Fabius sut agir, dans de telles circonstances, avec autant d'habileté que de célérité et parvint à les faire rentrer dans le devoir. Les Carnutes qui, souvent battus, n'ont jamais demandé la paix, livrent des otages et font leur soumission. Entraînés par leur exemple, d'autres peuples qui habitent aux confins de la Gaule, près de l'Océan et qu'on appelle Armoricains, obéissent sans délai aux commandements de Fabius dès qu'ils apprennent son arrivée et celle de ses légions. Dumnac, banni de son pays, vécut caché et errant, avant de trouver refuge dans la région la plus reculée de la Gaule (l'extrémité de la presqu'île de Bretagne).






Tableau récapitulatif des tribus rencontrées


Nom Localisation Ville principale
Vénètes Morbihan Dariorigum, Vannes
Unelles Cotentin
Osismes Finistère
Coriosolites Côtes d'Armor Corseul
Esuviens Orne
Aulerques
Nom générique sous lequel sont comprises plusieurs tribus de la Gaule Celtique. Aulerques Eburovices (Médiolanum, Évreux), A. Diablintes (Mayenne), A. Cénomanes (Sarthe), A. Brannovices (clients des Héduens).
Redons Ille-et-Vilaine Redones, Rennes
Andes nord de la Loire ; Maine-et-Loire Civitas Andecavorum, Angers
Lexoviens
Noviomagus, Lisieux
Sénons entre la Loire et la Marne, comprenant une partie des départements de l'Yonne, de la Marne, du Loiret, de la Seine-et-Marne et de l'Aube. Agedincum, Sens
Parisiens région de la Seine
Pictons sud de la Loire, comprenant une partie des départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Vienne. Lémonum, Poitiers, Ratiatum, Rezé
Cadurques Lot Divona, Cahors
Turons cours moyen de la Loire Caesarodunum, Tours
Lémovices Haute-Vienne plus une partie de la Corrèze et de la Creuse Augustoritum, Limoges
Ambibariens Bas-Maine Ambrières
Calètes peuple belge du Pays de Caux Juliabona, Lillebonne
Carnutes région comprenant une partie des départements de l'Eure-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret Cénabum, Orléans


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