Sommaire I.
Les Gallo-Romains
II.
Les Mérovingiens
IV.
Les Normands
V.
Noms de lieux gallo-romains
VI.
Noms de lieux suggérant une occupation du sol par un peuple barbare
VII.
Noms de lieux se terminant par ville
VIII.
Histoire de saints
IX.
Étude toponymique
X.
Bibliographie


Index


III. Des Carolingiens à 933



Année Évènement Notes
754

À St-Denis, le pape Etienne II sacre Pépin, avec ses fils Carloman et Charles, et interdit désormais aux Francs de choisir un roi dans une autre dynastie.


768

Mort de Pépin le Bref. Le regnum francorum est partagé entre ses fils Carloman et Charles.


771

Mort de Carloman. Charles évince les fils de son frère et devient seul roi.


787

L'abbé de St-Wandrille, Wido, serait mort à Pierrepont le 18e jour des calendes d'octobre.

Erat quippe fere gnarus litterarum ; qui depositus est Petreoponte villa publica sub anno Domini dcclxxxvii., indictione X, decimo octavo Kal. Octobr. qui est annus vicesimus gloriossimi Caroli regis Francorum, et decimus quintus Adriani apostolici. Sepultus est autem in ecclesia beati apostoli Petri sunter arcum introitus absidae. Rexit ipsum monasterium annis triginta quinque et mensibus octo, diebus fredecim.
Gesta abbatum Fontanellensium, Caput 15. Gesto Widonis abbatis coenobii Fontanellensis, Monumenta Germaniae Historica, t. II, Hannovre, 1879.

IXe s.

Canisy est mentionné sous la forme Canabiacus.
Orglandes est mentionné sous la forme latinisée Oglanda.

En 1056 Canisy est devenu Caniciacum.
début IXe s.

Les relations des miracles de st Wandrille montrent l'île d'Angia, et sans doute le Cotentin, sous la domination d'un chef breton nommé Anowarith. Charlemagne envoya Gervold, abbé de Saint-Wandrille, auprès du chef breton.

Aliud quoque in a Geroaldo hujus coenobii patre gestum est, narratur miraculum. Is enim abba jussu Carolo Augusti quadam legatione fungebatur in insula cui nomen est Angia, quam Brittonnum gens incolit, et est agjacens pago Constantino, cui tempore illo praefuit dux vocabulo Anowarith.
Ex miracul. S. Wandregisili abb. Fontanell., Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. V, Poitiers, 1869, page 455.

vers 800

Charlemagne fait fortifier St-Lô afin de barrer la route de l'intérieur aux Scandinaves.Toujours aux alentours de cette date, il aurait séjourné à Avranches qu'il aurait également fait fortifier, tout comme Coutances.

Cet état du Cotentin obligea Charlemagne de donner son attention au château de Saint-Lô, à cause de sa situation avantageuse, qu'il le fortifia, pour être place frontière et comme un boulevart contre les incursions des barbares.

802

Le missaticum que Magenard, archevêque de Rouen, et son associé Mageldaud doivent parcourir, se compose de huit pagi couvrant, entre autre, le Maine et la presqu'île du Cotentin.


après 807

L'abbé de St-Wandrille, Gervold, serait mort à Pierrepont

in Petreoponte villa
820

Première apparition des Vikings en Baie de Seine. Selon les Annales Royales (dites d'Eginhard), une flotte de 13 navires venus de Nordmannia se présenta dans l'estuaire après avoir opéré un coup de main en Flandre. Mais les gardes du rivage réussirent à repousser les hommes qui mirent pied à terre et même à en tuer cinq. Cette même flotte se présenta ensuite à l'embouchure de la Loire et le petit village de Bouin en Vendée fut entièrement dévasté.


821

Un capitulaire aux missi évoque à diverses reprises la marche maritime, c'est à dire la région côtière allant des Flandres au Cotentin.

Ce qui n'est pas sans évoquer le Litus saxonicum.
entre 823 et 833 Les constitutions d'Ansegise parlent du pagus du Cotentin

Celles-ci répartissaient ce que devaient fournir les terres de St-Wandrille pour l'entretien de l'abbaye et de ses moines.

829

Willard (ou Willand), évêque de Coutances, assiste au concile de Paris, à moins que cela soit au synode de St-Denis.

Interfuerunt Parisiensis concilio qui jam Laudati sunt a nobis, Ragnoardus, Willardus seu Guillardus, episcopus Constantiensis.

Guillardus, dictus Forcaut is est qui Willardus nominatur un vulgatis episcoporum Constantiensium tabulis.

Il signe en juin 829 une charte d'Inchad, évêque de Paris.

831 Début des incursions vikings.

Le Livre Noir de la cathédrale de Coutances donne 836 et une durée de 30 ans pour la première vague d'invasion, la seconde commença en 875 et se prolongea 74 ans.

Prima Normanorum gravissima persecutione, nequissimi scilicet et sacrilegi Hasting suorumque praedatorum saeviente amplius quam trigenta annis, ab anno Dominicae incarnationis DCCCXXXVI, secunda Rollonis, illustrissimi Normanorum ducis, anno DCCCLXXV, indictione VIII, Walachria, Flandria, Burgondia, Britannia et tota Neustria, quae nunc dicitur Nortmannia, partimque Francia inenarrabiliter desolatis, plurimae captae ac desolatae sunt urbes, oppida diruta, destructae ecclesiae, praedia sanctorum et ecclesiastica jura et privilegia direpta, clerus, populus incola gladiis aufugit annullatus, sanctorum reliquiae et corpora latibulis abscondita, vel fuga per diversas provincias exportata. His itaque ingruentibus miseriis, sancta Constantiensis ecclesia, quae praeterito jam multo tempore floruerat, jamque sub trigenta et tribus episcopis Deo fideliter militaverat, funditus evertitur, praediis ac privilegiis privatur, reliquiis et sanctorum corporibus viduatur, continuisque septuaginta quatuor annis fedatae idolatriae et paganis furibus concultatur.

835

Willard assiste au concile (ou synode?) de Thionville, et au rapport d'Hincmar, souscrit à la déposition d'Abbon.

E provincia Rothomagensi, praeter Ragnoardum metropolitanum duo interfuerunt, Freculphus, Lexioviensis et Willardus seu Guillardus Constantiensis de quibus jam locunti suum.

836

Willard assiste à l'assemblée des prélats convoquée à Aix-la-Chapelle par Louis le Débonnaire. Transfert des reliques de st Lô à Bayeux.

Willardus seu Willardus Constantiensis in provincia Lugdunensi secunda.
840 Jean sacré évêque d'Avranches.
843

Le domaine de St-Gildar de Bérigny (canton de St-Clair-sur-Elle) est cité dans un acte de Charles le Chauve.


844

Mention de l'Otlinga Saxonnia (ou Otlinga Hardouini, plus tard donnée à un comte nommé Hardouin), il s'agit d'une subdivision administrative, ce nom met en évidence un anthroponyme saxon Othil (la Saxe des gens d'Othil).

D'après la phonétique, elle est antérieure aux IVe-Ve s. Le chef se serait fixé avec ses guerriers dans cette petite contrée à laquelle il a donné son nom. Ces Saxons seraient continentaux, venus par la mer et ils seraient en relation avec la barbarisation de l'armée romaine. Le souvenir de cette installation a perduré jusqu'au IXe s. Elle est située dans le Bessin, région de côtes basses, d'estuaires, propice à une pénétration plus facile. Cette installation a été le point de départ d'une longue période de relations avec le monde anglo-saxon.

12/844

Les évêques de Francie de l'Ouest se réunissent à Ver.

Les décisions formulées par l'abbé Loup de Ferrières ne furent pas acceptées par Charles le Chauve à cause de leur attitude trop radicale contre les nobles pilleurs de biens de l'église.

845 Campagne contre le prince breton Nominoé.
846

Erloin, successeur de Willard en 843, assiste au concile de Paris où les moines de Corbie demandent la confirmation de leurs privilèges.

Erluinus gratia dei Constantiae episcopus, étaient également présents Fréculf de Lisieux, Saxobold de Sées, Baufrid de Bayeux et Gombaud de Rouen.

847

Des Bretons s'avançent jusqu'à Bayeux. Ansegaud, évêque d'Avranches est mentionné dans la Translation de st Regnobert.


847

Pillage de l'église du Mont Saint-Michel par les Vikings.


après 850

Les Bretons se saisissent provisoirement des pays à l'ouest de la Vire.


853

Erloin assiste au 2e concile de Soisson, ainsi qu'à celui de Verberie. Ansegaud, évêque d'Avranches, y était également.

Erloinus Constantiae urbis episcopus, ainsi que Paul de Rouen, Gombert d'Evreux, Baufrid de Lisieux, Airard de Bayeux et Hildebrand de Sées.

11/853

L'évêque de Bayeux, Eirard, l'abbé Thierry, Herluin (l'évêque de Coutances ?) et Harduin sont envoyés en qualité de missi dominici en Avranchin, en Cotentin, en Bessin, en Corlois (pays de Cherbourg), dans l'Otlinga Saxonia et Harduini, en Hiémois et en Lieuvin.

Capitulaire de Servais
21/03/854

Charte de Charles le Chauve confirmant à St-Wandrille la répartition des domaines affectés à l'abbaye pour son entretien.

Pierrepont et ses annexes devaient fournir les vêtements, la nourriture, la boisson des moines ainsi que tout ce qui est nécessaire à l'entretien des hôtes et des pélerins.

855

Remedius, évêque d'Avranches, assiste au concile de Bonneuil.


vers 856

Naissance de st Léon à Carentan, issu d'une famille noble.


856

Traité de Louviers. Face aux invasions scandinaves, la situation du territoire compris entre Loire et Seine, que les Bretons avaient en partie occupé, fut réglée au profit du prince Louis, fils de Charles le Chauve, aux dépends d'Erispoë.


856-860 Ravages des Scandinaves en Neustrie.
01/859

Louis le Germanique quitte le royaume de l'Ouest où l'avaient appelé des aristocrates révoltés.


859

Des prélats sont envoyés à Metz vers le roi Louis le Germmanique, dont Erloin, qui assiste au concile de Savonnières près de Toul.

Erloinus Constantiae episcopus.
Convoqués à Reims par Louis pour une assemblée qui devrait assoir sa légitimité, les évêques francs, emmenés par Hincmar de Reims, se récusent. Ils proclament que Charles le Chauve demeure leur seigneur, sauf à Dieu d'en disposer autrement. L'épiscopat demeure l'armature du système carolingien.

859-860

Watbert, évêque d'Avranches, assiste au concile de Savonnières, ainsi qu'à celui de Toul. Et peut-être également à celui de Thussy en 860.


861

Le duc Robert le Fort (ancêtre des Capétiens), reçoit le commandement militaire de la région comprise entre la Seine et le Loire, pour la défendre contre les Scandinaves.


861

Erloin assiste au concile de Pîtres. Il résidait à la cour.


862

On trouve la signature de Watbert au bas des privilèges de St-Denis en date de Pîtres.


863

Erloin souscrit trois chartes. Il meurt en 866.


866

Sigenand, évêque de Coutances, assiste au concile de Soissons. Cette année-là Avranches et Coutances seraient tombées aux mains des Scandinaves.


867

Lors du traité de Compiègnes, Charles le Chauve donne à Salomon, roi de Bretagne, l'Avranchin et le Cotentin. Les Annales de St-Bertin font allusion à ces domaines royaux du comté de Coutances, dans le Cotentin : le comté de Cotentin avec tous les fiscs, les domaines royaux et les abbayes situés dans ce comté et toutes les choses qui en dépendaient, excepté l'évêché.

Comitatum Constantinum cum omnibus fiscis et villis regiis et abbatiis in eodem comitatu consistentibus, ac rebus ubicumque ad se pertinentibus, excepto episcopatu donat

En échange, le roi Salomon lui promit fidélité, paix et aide contre ses ennemis. On voit que malgré une autorité éminente assez vague et du contrôle de l'évêché, Charles procédait à un démembrement de souveraineté. L'Avranchin est compris dans cette cession, à moins que les Bretons ne l'ait déjà en main. Malgré le silence quasi total des textes, on a la preuve que les Bretons en prirent effectivement le contrôle : les évêques de Nantes y reçurent des terres.

25 octobre 867

À Troyes, concile des provinces de Reims, Rouen, Tours, Sens, Bordeaux et Bourges.


869

Salomon III, roi de Bretagne, aurait chassé les Scandinaves d'Avranches.

Salomon avait tué son cousin Erispoë en 857 pour prendre sa place. Ce même Salomon avait fait alliance avec des Vikings. C'est cette alliance qui combattit les troupes franques de Charles le Chauve menées par Robert le Fort, et infligea la défaite de Brissarthe en 866, défaite qui vit la mort de Robert. Pourtant, on le voit, cette alliance n'empêcha pas le roi d'offrir le comté du Cotentin à Salomon pour que celui-ci le défende contre ses anciens alliés.

872

Les reliques de st Lomer, émigrées de Moutiers-au-Perche, trouvent asile dans l'Avranchin.


874

Mort de Salomon. Le comté de Coutances passe sous la domination de Gurvand, gendre de l'ancien roi Erispoë, qu'avait fait assassiner Salomon.


875

Dans les Miracles de st Vaast, on trouve la description d'une chasse à la baleine dans la Manche et la mention d'un consortium de baleiniers.

Les plus nombreux baleiniers (walmanni) étaient à l'embouchure de la Dives et sur la côte nord-est du Cotentin (ils opéraient surtout en baie de Saire et dans l'anse de Vauville), et l'expression valseta désignait un établissement de baleiniers.

875-890

L'Avranchin est le théâtre de luttes incessantes causées par les rivalités des princes bretons, en même temps qu'il est parcouru en tous sens par les Vikings.


876

Sigenand, évêque de Coutances, assiste au concile de Ponthieu.


après 886

Le nord de la Neustrie est laissé de plus en plus aux Vikings et l'ouest aux Bretons.


888

Robert, fils de Robert le Fort, devient marquis de Neustrie.


889

Le duc Alain cède à l'évêque de Nantes le domaine de Canabiacus, dans lequel certains veulent voir Canisy. Cette même année les Vikings auraient repris Avranches sur les troupes d'Alain III, ainsi que Coutances.

Selon le chanoine Lecanu, il se serait agi d'une simple restitution, ce domaine ayant déjà été offert pour asile par Charles le Chauve à cet évêque, après la destruction de sa ville par les Vikings en 874, et celui-ci en ayant été spolié par Pasquéten (ou Paskwitten), frère d'Alain et comte de Browéroch.

888/890

Bataille près du Couesnon, entre les Vikings et le prince Bérenger de Rennes, seigneur du Cotentin, dont la fille aurait été prise par Rollon après ses combats dans le Bessin.


889

Mort de l'évêque de Coutances, Liste.

Il serait plus vraisemblablement mort en 890
889-890

Siège et prise de St-Lô par les Vikings. Ragenardus, évêque de Coutances.






Quoddam castellum in Constantiensi territorio, quod ad sanctum Loth dicebatur, obsident [...] Episcopum Constantiensis ecclesiae interimunt.
Reginon de Prüm.
Chro., Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum, p.135.

Circa castrum Sancti Laudi sedem sibi faciunt, ipsumque castrum impugnare non cessant, anno domini DCCCLXXXIX. Anno domini DCCCXC, Laudi castrum, interfectis habitatoribus, funditus terrae co aequatum.

Rhou, laissant ses bateaux à Rouen amène ses troupes dans le Costentin, assiège le chasteau de St-Lô, coupe le cours d'une fontaine à ceux de la garnison, qui promettent de rendre la place et demandent la vie, on leur accorde, mais pour les tromper et leur oster à la sortie, car Algéronde, 36e evesque de Constances, comme un constant martyr y perdant la vie, gaigna la couronne de gloire.

La chronique anglo-saxonne donne une toute autre version :

La même année [890] l'armée [danoise] quitta la Seine et se dirigea vers Saint-Lô, située entre les Bretons et les Francs ; là les Bretons les combattirent et obtinrent la victoire, et les rejetèrent dans une rivière, dans laquelle beaucoup d'entre eux se noyèrent.

Version anglo-saxonne :

[&] þy ilcan geare for se here of Sigene to Sant Laudan, þæt is butueoh Brettum [&] Francum, [&] Brettas him wiþ gefuhton, [&] hæfdon sige, [&] hie bedrifon ut on ane ea, [&] monige adrencton.

Xe s.

Courcy mentionné sous la forme latine Curciacum,
Marigny mentionné sous la forme latine Marinnei,
Millières mentionné sous la forme Milleres,
Sottevast mentionné sous la forme Sotenvast,
Vaudrimesnil mentionné sous la forme Waudrimaisnille.


905

Herlebaud, évêque de Coutances, est cité dans une charte de Corbéni, près de Laon, au sujet des reliques de st Marcouf.


22/02/906

Herlebaud est cité dans une charte de Charles le Simple.


911

Traité de St-Clair-sur-Epte, Charles le Simple donne à Rollon la région couvrant les départements actuels de Seine-Maritime et de l'Eure.

En échange Rollon se devait de protéger le royaume contre de nouvelles incursions scandinaves.

912

D'après de Gerville, Rollon aurait donné St-Sauveur-le-Vicomte avec d'importantes dépendances à un de ses jarls.


vers 913

Théodoric, successeur de Herlebaud (il semble qu'il faille intercaler entre ceux-ci un certain Agebert).

N'ayant plus de cathédrale, le diocèse étant dévasté et dépeuplé Théodoric voir voir Rollon à Rouen. Celui-ci lui donne l'église de St-Sauveur. L'évêque va faire chercher les reliques de st Lô et de st Fromond (plus peut-être celles de st Romphaire). Ne pouvant réédifier la cathédrale, il fit construire contre un reste de muraille une espèce de chapelle en appentis, où ce qu'il avait pu former de chanoines s'assemblait pour faire le service divin.

918

La Chronique anglo-saxonne nous apprend qu'une armée danoise, commandée par Thorketill et venue des Midlands, a traversé la Manche. Ces Danois se seraient surtout installés dans le Bessin.


919

Des Vikings de Rouen, à l'aide d'une flotte nombreuse ravagent la Bretagne. Guillaume de Jumièges rapporte qu'avec toutes les vivres qu'il prit chez eux, Rollon nourrit tout le royaume qui lui avait été concédé. Par la suite, de nombreux raids eurent lieu, menés semble-t-il par des vikings du Cotentin.


919-924

Le clergé de Dol s'enfuie avec le corps de st Samson et rencontre celui de Bayeux, et sans doute celui d'Avranches qui emmènent les reliques de leurs saints (st Senier, st Pair et st Scubilion).


924

Raoul, roi de France, cède Le Mans et Bayeux à Rollon.

En 924, le roi Raoul, gendre de Robert Ier à qui il succéda sur le trône de France, franchit l'Epte et vint ravager le pays concédé à Rollon. Celui-ci contre-attaqua, envahit les territoires au-delà de l'Oise et il fallut l'intervention de plusieurs médiateurs pour que les antagonistes fassent la paix. C'est alors que Rollon reçut, outre le tribut versé par le roi carolingien, le Bessin et l'Hiémois.

931

Cependant des Bretons qui étaient restés en Armorique (in Cornu Galliae) soumis aux Normands, se levant contre ceux qui les avaient dominés, dans les solennités même de la St-Michel, tuèrent, dit-on, tous les Normands qui vivaient parmis eux, et en premier leur chef nommé Felecan. Flodoard


Adonc ceux qui en la région estoient demourez s'assemblèrent et armèrent, et leurs occupants assailis chassèrent par terre et par mer. Pourquoi il est à savoir que Juhaël, le comte de Rennes, fils de Bérenger, [...] assembla exercite de Bretons et entreprint les debouter du païs. Si les assaillit à Kan par bataille et premier Flestan leur duc, qui avec grant puissance desdits Normans, vint fièrement contre les Bretons, espérant les vaincre comme aux temps devant, mais ledit Flestan fut navré dès le commencement de l'estrif et cheut mort entre les siens. Lesquels donc, par celle adventure destituez d'espérance et de victoire, fuirent au rivage de la mer où ils avaient plusieurs nefs ancrées [...]. Et de cette victoire survint autre misère aux autres Normans, qui au païs estoient demourez, car les Bretons qui avoient vaincus Flestan prindrent audace d'envahir le demourant et s'espandirent par la région et selon les chronicques annaux, le jour de la St-Michel, en l'an de Nostre-Seigneur 931; occirent tous les Normans qu'ils purent trouver en Bretagne après Flestan, leur duc. Après laquelle occision, le surplus desdits Normans qui eschappèrent effrayés par le péril de leurs compagnons, se retraïrent ès forts qu'ils tenoient, et par l'aide d'autres Normans qu'ils mandèrent quérir en Neustrie, les deffendirent contre les Bretons.
Pierre le Baud, historien breton du XVe s.

Il semble qu'il mélange différents évènements historiques. Est-ce à la suite de ceux-ci qu'intervint Guillaume Longue-Épée, successeur de Rollon, que Dudon nous montre s'avançant jusqu'au Couesnon et s'emparant de toute la terre des Bretons, celle qu'ils possédaient sur la rive droite ? Il ajoute ensuite que Guillaume ayant repris le chemin de Rouen fut suivi par l'ennemi qui dévasta le pays de Bayeux. Ne serait-ce pas plutôt alors qu'il faudrait placer la victoire bretonne de Caen ? Cette victoire bretonne n'empêcha pas le retour en force du duc Guillaume qui repassa le Couesnon et occupa les territoires de Dol et de St-Brieuc.

933

Raoul, roi de France, remet à Guillaume, fils de Rollon la terre des Bretons située sur la rive de la mer, selon les termes de Flodoard (exactement terram Britonum in Cornu Galliae sitam). Il s'agit du Cotentin (et des îles voisines) et de l'Avranchin.

Il existe un curieux toponyme immédiatement au nord de Quettehou : Brattahlid. On retrouve ce nom dans la saga d'Erik le Rouge, c'était ainsi qu'il avait appelé le terrain sur lequel il s'était installé vers 985, au Groenland. L'éthymologie donne : " pente raide ".

Site de Brattahlid
Site de Brattahlid à Quettehou

Veðrátta batnaði skjótt þegar er vora tók sem þorbjörg hafði sagt. Býr þorbjörn skip sitt og fer uns hann kemur í Brattahlíð. Tekur Eiríkur við honum báðum höndum og kvað það vel er hann var þar kominn. Var þorbjörn með honum um veturinn og skuldalið hans. Eftir um vorið gaf Eiríkur þorbirni land á Stokkanesi og var þar ger sæmilegur bær og bjó hann þar síðan.
EIRÍKS SAGA RAUÐA

La cession du Cotentin se comprend d'autant plus facilement que le nord de cette région, isolée et sans grand intérêt pour les rois carolingiens, était déjà fortement colonisée par les Scandinaves qui y avaient supplanter l'autorité bretonne. Chroniques et annales passent complètement sous silence cette immigration lente et relativement paisible, très différente de celle de la Basse-Seine. Tout porte à croire qu'elle fut le fait de vikings isolés. Il s'agit ici de Norvégiens et non de Danois, venus de leurs colonies d'outre-mer (Hébrides, île de Man, côtes d'Écosse et surtout d'Irlande) et qui trouvaient des terres à prendre individuellement. On peut imaginer que cette colonisation s'est effectuée comme celle de l'Islande, de plus comme en Islande, ces vikings sont vraisemblablement venus avec des esclaves celtes.



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VII.
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VIII.
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