IV. Les Normands, de 933 à 1050

Guillaume Longue-Épée mène une campagne contre les Bretons.

Il semble que Guillaume ait voulu établir son protectorat en Bretagne. Non seulement Dudon l'affirme, mais on a retrouvé au Mont S^t-Michel un denier frappé à son nom où il porte le titre de duc des Bretons.

Alain Barbe-Torte, fils du comte de Poher, et exilé en Angleterre, débarque en Bretagne. Il massacre les garnisons normandes de Dol et S^t-Brieuc et se rend maître de la Bretagne. Les Bretons revenus dans leur patrie après un long exil, livrèrent de nombreux combats aux Normands, qui avaient occupé les territoires bretons voisins des leurs, furent vainqueurs dans la plupart et reprirent ces territoires.
Flodoard

Victoire de Trans remportée par le duc Alain Barbe-Torte, comte de Vannes, avec l'aide du comte de Rennes, Bérenger, sur les Normands.

Le futur duc Richard I^er, fils de Guillaume Longue-Épée, élevé à Rouen, est envoyé à Bayeux pour y apprendre le Danois.
Dudon de S^t-Quentin

Arrivée du roi Danois Haigrold, chassé par son fils Sven. Le comte Guillaume, fils de Rollon lui donne le Cotentin pour y demeurer. Haigrold, lors de son retour chez lui, donna de grands domaines à ceux qui voulaient rester.

Cela paraît difficilement possible dans la mesure ou, du vivant de Guillaume, Sven ou bien n'était pas né, ou bien n'était qu'un enfant. Haigrold (ou Haraldr) ne fut chassé par son fils qu'en 985.

Mort de Guillaume. Pendant la minorité de son fils, les vikings du Cotentin s'allient avec d'autres païens venus du Nord, afin de privilégier et revivifier leur culte traditionnel.

Détente des relations normanno-bretonnes sous Richard II (996-1027), opérations de Robert I^er (1027-1035), qui construisit le château de Cheruez près de Sacey et ravage la région de Dol, défaite infligée par Néel de S^t-Sauveur et Auvré le Géant aux Bretons qui s'attaquent à leur tour à l'Avranchin, ravages du même Robert sur les côtes bretonnes, suivis d'une réconciliation avec le duc de Bretagne au Mont S^t-Michel, guerre de brigandage, etc. C'est pour préserver ses frontières que Guillaume le Conquérant construira le château de S^t-James et la fameuse haie en défendant l'accès.

Débarquement d'Haraldr-à-la-Dent-Bleue à Cherbourg (où il reste jusqu'en 947) avec une armée, afin de protéger le jeune duc Richard I^er contre le roi de France Louis d'Outre-Mer.

Haraldr rencontre Louis d'Outre-Mer sur la Dives. Les gens du Cotentin et du Bessin accompagnent le Danois. Le roi de France est battu.

Flodoard et Richer le mentionnent simplement comme celui qui commandait à Bayeux, Dudon affirme qu'il était roi du Danemark.

Construction du château d'Avranches par Onfroi le Dane, sur les vestiges de l'ancienne enceinte romaine.

Arrivée des bénédictins de S^t-Wandrille au Mont S^t-Michel.

Hugues I^er déjà évêque de Coutances. Il assiste en 990 à la dédicace du monastère de Fécamp. Norgod II, évêque d'Avranches.

Hugone Constantiae ecclesiae praesule. Il semble qu'il demeure essentiellement à Rouen.

Guillaume de Jumièges raconte qu'Olaf et un autre chef viking Lacman vinrent à Rouen à la demande de Richard après avoir pillé Dol.

Les exploits d'Olaf nous sont connus grâce à la Olafs Saga Helga de Snorri Sturluson qui cite en appuie les vers d'un scalde et ami du roi, Sighvatr Thordarson, dont les Vikingarvisur évoquent en effet la bataille livrée dans le Hringsfjördr, le fjord en rond, qui n'est autre que la baie du Mont S^t-Michel, où Olaf fit raser la forteresse de Dol.

16. Orusta hin tíunda í Hringsfirði
En hið þriðja vor andaðist Aðalráður konungur. Tóku þá konungdóm synir hans, Játmundur og Játvarður.
þá fór Ólafur konungur suður um sjá og þá barðist hann í Hringsfirði og vann kastala á Hólunum er víkingar sátu í. Hann braut kastalann.
Svo segir Sighvatur skáld :
Tugr var fullr í fögrum
fólkveggs drifahreggi,
hélt sem hilmir mælti,
Hringsfirði, lið þingað.
Ból lét hann á Hóli
hátt, víkingar áttu,
þeir báðut sér síðan
slíks skotnaðar, brotna.
Saga of Olaf Haraldson (Saga Ólafs hins helga) par Snorri Sturlason (c. 1179 - 1241).

Mariage du duc Richard II avec Judith, princesse bretonne, dans l'église Notre-Dame-sous-Terre du Mont S^t-Michel.

Un procès-verbal d'ouverture d'une châsse de l'abbaye de S^t-Aubin d'Angers précise : Hic sunt corpora sanctorum Lauthonis, Rumpharii et Coronarii de pago Constantino.

Richard II donne au Mont S^t-Michel l'abbaye de S^t-Pair dans le pagus du Cotentin avec ses dépendances, limitées à l'est par la voie publique de Coutances, au nord par la rivière de la Venlée, au midi par le ruisseau du Thar, à l'ouest par la mer avec l'île de Chausey ; il donne le domaine de Chanteloup avec l'église ; des biens à Bricqueville, Flamanville et Lengronne ; la moitié d'Hérenguerville ; une terre à Vesly ; une autre à Jersey ; La Colombe située dans le même pagus.

Villam que dicitur Chanteloup cum ecclesia et molendino, cum silvis et omnibus appendiciis

Terram etiam Durandi, que est intra terminos ville que nuncupatur Verlei
Columban [...] cum ecclesia et molendino, et cum silvis.

L'évêque Herbert rétablit le siège épiscopal à S^t-Lô.

Richard III constitue en douaire à son épouse Adèle de France :
la ville et le comté de Coutances, sauf la terre de l'archevêque Robert,
les châteaux de Cherbourg, de l'Isle-Marie et de Brix,
Ver* et Cérences* sur la Sienne,
Agon*, Valognes*,
l'abbaye de Portbail sise sur la Gerfleur avec le port,
le pagus de Saire avec le port de mer,
le pagus Rosthelnensis,
le pagus Helgenes,
le pagus de la Hague avec les forêts et le port de mer,
le pagus de Bauptois,
Esglandes,
le domaine de Percy*,
le domaine de Moyon*,
le domaine d'Hambye.

L'abbaye de S^t-Wandrille eut à l'époque carolingienne des possessions étendues à Portbail. Il y exista sans doute dans la suite un monastère qui fut victime des invasions scandinaves et auquel succéda un prieuré de l'abbaye de Lessay.

Qui dicitur Egglandes, cum aquis, piscatoriis. Ce dernier terme doit signaler des pêcheurs, aquis pourrait faire allusion à la Vire ? De plus, il existe à environ 1,2 km au nord d'Esglandes, un lieu-dit appelé le Hamel au Duc, il est tentant d'y voir le souvenir de cette donation.

Les noms suivis d'un astérisque sont qualifiés de curtem dans le texte original :
Concedo ergo tibi jure dotali de rebus proprietalis mee civitatem que appellatur Constancia cum comitatu, excepta terra R. archiepiscopi. Concedo etiam castella que ibi habentur, videlicet Carusburg cum eo quod dicitur Holmus et eo quod dicitur Brusco, cum iis que ad hec aspicere videntur. Concedo quoque curtem que dicitur Ver super fluvium Sane, cum silvis, terris cultis et incultis, et super eundem fluvium curtem que appellatur Cerencis. Concedo quoque curtem supra mare que dicitur Agons et eam que appellatur Valongnias cum silvis, pratis, molendinis et omnibus appenditiis suis, abbatiam necnon que appellatur Port Bahil que sita est super aquam Jor fluctum cum portu et pagum qui dicitur Sarnes, cum aquis et portu maris, et pagum qui dicitur Rosthelnensis cum portu maris et pagum Helgeres cum portu maris, et pagum qui dicitur Haga cum silvis et portu maris. Concedo etiam pagum qui appellatur Balteis, cum aquis, terris cultis et incultis et cum eo qui dicitur Egglandes, cum aquis, piscatoriis, et curtem que dicitur Percey cum appendicitiis suis, curtem denique que dicitur Moyon cum appenditiis suis et ea quae vocatur Hambeya cum suis que ad eam pertinent.

Donation de Robert le Magnifique à l'abbaye de Cerisy.

Qui dicitur Cirisiacus cum ecclesiis, aquis, pratis, molendinis et terris arabilibus, cultis et incultis [...] in silvis meis circumcarca positis, decimam scilicet tocius nemoris Ale et decimam tocius nemoris ab ipsa abbatia usque ad Dromum fluvium.

Rattachement de la région de Domfront à la Normandie.